Le Corbeau et le Renard

Le Corbeau et le Renard

Le Corbeau et le Renard

Attention à la prétention

Le Corbeau et le Renard est la deuxième fable du livre I du recueil des Fables de la Fontaine (1668) après la Cigale et la Fourmi.

Comme pour la première fable, le Corbeau et le Renard est inspiré d’une fable d’Ésope. Elle utilise l’humour (le sarcasme), la rapidité de dialogue et l’anthropomorphisme (personnification des animaux) pour euphémiser (adoucir) sa critique des hommes (plus précisément la vanité et le mensonge). Le corbeau et le renard sont deux animaux omnivores, il n’est donc pas question ici de remettre en question le choix du fromage comme met pour ces individus...

Comme pour la Cigale et la Fourmi, chaque animal représente une catégorie sociale (le corbeau représente la noblesse et le renard le peuple) mais cette fois il existe bien une morale explicite qui n’est pas forcément reliée au statut social, quoique : ne soyez pas trop imbus de vous même ou vaniteux, les gens qui vous flattent y gagnent toujours quelque chose en retour (et souvent à votre dépend). Ainsi, le renard, fourbe (ou malin ?), ressort victorieux en utilisant la persuasion (l’appel aux sentiments) et sans aucune violence physique (force du langage et de l’écriture).

Même si cette fable est écrite à l'époque de Louis XIV où la flatterie est un art, les critiques de La Fontaine contre le genre humain sont encore aujourd’hui largement palpables (qui ne connaît pas des exemples de gens un peu trop vaniteux ?). C’est aussi là que réside la force des fables, dans leur caractère simple mais efficace et perpétuel.

Version de Jean de La Fontaine (Le Corbeau et le Renard)

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
Eh ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois.
À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute.
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Version d’Ésope (Le Corbeau et le Renard)

Un corbeau, ayant volé un morceau de viande, s’était perché sur un arbre. Un renard l’aperçut, et, voulant se rendre maître de la viande, se posta devant lui et loua ses proportions élégantes et sa beauté, ajoutant que nul n’était mieux fait que lui pour être le roi des oiseaux, et qu’il le serait devenu sûrement, s’il avait de la voix. Le corbeau, voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait pas, lâcha la viande et poussa de grands cris. Le renard se précipita et, saisissant le morceau, dit : « Ô corbeau, si tu avais aussi du jugement, il ne te manquerait rien pour devenir le roi des oiseaux. »
Cette fable est une leçon pour les sots.

Écrit par Maxou (11/05/2020)
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