René Magritte est un peintre surréaliste belge (1898-1967). Cet artiste interroge, dans la plupart de ses oeuvres, les mots, les objets et les images.
Amateur de cinéma et de photographie, Magritte commence par des films dessinés puis peint son premier tableau à l’âge de 16-17 ans. Plus tard, il fréquente l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles. Dans les années 1920, Magritte est introduit au milieu dada (mouvement intellectuel, littéraire et artistique avec une remise en cause de toutes les conventions et contraintes) et commence à créer le groupe surréaliste de Bruxelles. Dans les années qui suivent, il séjourne à Paris où il participe à l’activité d’artistes parisiens reconnus (André Breton, Paul Éluard, Max Ernst, Salvador Dalí...) puis retourne en Belgique où il continue son activité et expose dans le monde entier jusqu’à sa mort.
Ce qui est particulièrement passionnant avec Magritte, c’est sa façon de critiquer l’art et de remettre en question tout type de représentation. Magritte lutte contre la fausse représentation mentale. L’exemple le plus connu concerne sa pipe (La Trahison des images). Il n’est pas possible de fumer la pipe de son tableau, ce n’est donc pas une pipe. C’est une représentation d’une pipe. Une représentation bien particulière puisque c’est celle du peintre Magritte à l’instant où il l’a dessiné. Pour résumer simplement, une image ou un tableau ne sera jamais l’égal de l’objet ou du mot qu’il représente. D’ailleurs pourquoi serait-ce une pipe, qu’est ce que le mot “pipe” ? Pourquoi pas un autre mot ? Sa forme est-elle importante ? Son nom l’est-il ?
Magritte interroge son spectateur à tout instant. Ses dessins sont neutres et académiques mais au service de la mise en évidence recherchée. On ne doit pas être perturbé par autre chose que sa propre réflexion face au tableau. Celui-ci doit être accessible pour tout un chacun et reconnaissable. Magritte souhaite s’éloigner des représentations conventionnelles. Dans ses travaux, il y a souvent plusieurs niveaux de lectures possibles (un objet peut faire supposer qu’il y en a d’autres derrière lui, ou pas). On doit éviter le symbole qui est la simplification de l’idée. Un oeuf n’est pas un oiseau et un oeuf dessiné n’est pas un oeuf. La représentation de l’oeuf a peu de choses à voir avec l’oeuf représenté, la preuve : avant de le représenter l’oeuf était déjà là.
La remise en question perpétuelle que nous invite à faire Magritte est précieuse. Cet interprète de la métaphysique (recherche rationnelle de la connaissance de l’être) nous permet de nous délecter du mystère de la vie avec un joli esprit de contradiction, de revendication et un humour certain.