L’expérience de Asch (1956) est une expérience de psychologie sociale réalisée par le psychologue Solomon Asch. Elle vise à démontrer l’influence et le pouvoir du conformisme sur la décision d’un individu au sein d’un groupe.
But de l’expérience
Le conformisme c’est quoi ? C’est se rallier à l’idée du groupe même si vous pensez que celui-ci a tort. Vous allez ainsi parfois contre votre instinct ou vos croyances car le groupe vous dit que c'est ce qu'il faut faire, ce qui est socialement admis. Le but de cette expérience est de montrer que la décision d’un individu peut être altérée par la décision du groupe dans certaines circonstances.
L’expérience
Le psychologue invite un groupe d’étudiants (entre 7 et 9 personnes de 17 à 25 ans) et leur montre une ligne d’une certaine longueur (la ligne test). Il présente conjointement 3 autres lignes (A, B et C) dont l’une est de la même longueur que la ligne test. Les étudiants, assis les uns à côté des autres, doivent dire à tour de rôle quelle ligne parmis A, B et C est de la même longueur que la ligne test. L’opération est réitérée 18 fois en changeant toutes les lignes.
L’exercice n’est pas difficile (la différence de longueur est assez notable) et les sujets testés arrivent à y répondre (à 99%) quand ils sont seuls.
Un seul étudiant (le sujet “naïf”) est l’objet d’étude. Les autres sont complices et suivent les directives du psychologue (données en amont). Ainsi, le groupe donne les bonnes réponses pendant les 6 premières interrogations puis se lie pour choisir une mauvaise réponse sur les 12 derniers essais. Les réponses du sujet “naïf” (qui est placé systématiquement en avant dernière position pour que la quasi totalité du groupe ait déjà répondu) sont alors étudiées.
Des variantes sont égalements utilisées pour déterminer les facteurs influents (un seul complice sûr de lui qui est le premier à répondre, possibilité de ne pas énoncer sa réponse à haute voix pour le sujet naïf, taille du groupe, unanimité du groupe, ajout d’un partenaire qui répond comme le sujet naïf etc...).
Résultats
Dans la situation de base (groupe de 7 à 9 personnes), sur 123 sujets “naïfs”, 29 ne font aucune erreur, 39 font plus de 50% d’erreurs et en moyenne 36,8% des réponses données par les sujets “naïfs” sont erronées (face à moins de 1% lorsqu’ils sont seuls).
Il est à noter que le conformisme est réduit de deux tiers quand le sujet n’est pas obligé de montrer sa réponse au groupe. Il n’y a d’ailleurs besoin que de 3 complices pour atteindre 30% de mauvaises réponses et le taux d’erreur est seulement de 5% quand le sujet a un partenaire dans le groupe qui donne une réponse différente avant lui (importance du facteur d’unanimité). Les résultats varient également en fonction d’autres facteurs (attrait du groupe, culture, besoin d’affiliation, sentiment de légitimité etc…).
A la suite de l’expérience, les sujets sont interrogés. Beaucoup signalent de la confusion, du stress ou de l’anxiété, d’autres disent s’être trompés et accusent parfois leur “mauvaise vue”. Ce dernier point est intéressant car il rappelle l’expérience de Milgram où le sujet se décharge de sa responsabilité par un facteur externe. L’expérience de Asch est d’ailleurs un des travaux qui a inspiré Milgram pour son expérience sur la soumission à l’autorité.
Des expériences rigolotes comme une caméra caché anglaise de gens qui se retournent dans l’ascenseur ou sur des personnes qui se lèvent dans une salle d’attente ont depuis appuyé l’expérience de Asch. Ces démonstrations, bien qu’amusantes, nous interroge sur nos choix. A quel point la pression sociale peut-elle réellement influencer ces derniers ?